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« Il faut jouer collectif si on ne veut pas rater le virage de la bioproduction » Olivier Boisteau – Co-fondateur et Vice-Président de CLEAN BIOLOGICS

5 juillet 2021

Entretien avec Olivier Boisteau – Co-fondateur et Vice-Président de CLEAN BIOLOGICS
et Vice-Président d’Atlanpole Biotherapies.

À la tête d’un groupe de plus de 200 personnes, Clean Biologics, positionné en sous-traitance au service des biotechs et des grand groupes pharmaceutiques, Olivier Boisteau orchestre un développement soutenu avec des équipes solides à ses côtés. Ils poursuivent une stratégie de croissance organique pour démultiplier les capacités d’analyse de médicaments biologiques et envisagent de nouvelles acquisitions qui permettraient au groupe de renforcer son positionnement de sous-traitant bio-pharmaceutique. Par ailleurs très impliqué sur la question de la souveraineté nationale en matière de production de bio médicaments, Olivier Boisteau est de nouveau candidat pour porter ses convictions au sein du pôle, et auprès de la puissance publique pour la construction de l’Industrie bio pharmaceutique du futur.

Le groupe détient 100% de 3 entités : Clean Cells (contrôle qualité des produits biologiques), Naobios (développement de procédés et production de lots cliniques de vaccins viraux) et Biodextris à Montréal (société récemment acquise positionnée sur les vaccins protéiques et viraux).

Afin de développer ses capacités de contrôle qualité, le groupe construit actuellement un bâtiment de 5 250m² à Montaigu-Vendée. Le site actuel sera quant à lui dédié aux activités de CDMO pour les bactériophages, une des activités portées par Clean Cells aujourd’hui. La création d’une entité à part entière pour développer des procédés et produire des lots cliniques de bactériophages pour la phagothérapie est à ce jour en réflexion.

Stratégie nationale de relocalisation de la production de médicaments

Pendant la crise sanitaire, des discussions ont eu lieu entre Naobios et les services de l’Etat, pour envisager la production de lots de vaccins viraux contre la Covid. La mise en place d’une telle structure de production de lots commerciaux aurait nécessité un investissement d’environ 90 millions. Le projet n’a pas abouti faute de financements.

« Aucune banque n’aurait suivi, il aurait fallu un engagement significatif de l’Etat. La prise de risque d’une PME a besoin d’être sécurisée par un engagement de l’Etat. Nous avons préféré contribuer au développement de la bioproduction française en renforcant notre positionnement de contrôle qualité des vaccins et solliciter l’Etat sur ce développement qui est plus ciblé et en cohérence avec les capacités financières du groupe » confie Olivier Boisteau.

Un constat partagé par de nombreux dirigeants de PME du pôle ainsi que par les autres pôles santé nationaux est que l’innovation se joue dans les PME.

« Les aides conséquentes, de plusieurs centaines de millions d’euros devraient aller aux PME car le développement de la bio pharma va passer par nos entreprises de biotech. Soit on choisit de développer ce secteur d’activité, de faire des PME des ETI et de s’appuyer sur les compétences présentes sur les territoires, soit on continue de croire que ce sont les Big pharmas qui vont porter l’innovation et de leur allouer des aides financières conséquentes, qui seraient d’ailleurs moins significatives pour eux que pour les PME. Les big pharmas ont leur rôle à jouer et le jouent très bien mais elles ne sont plus toutes seules ».

Co construire au niveau national

« Il faut jouer collectif si l’on ne veut pas encore rater le virage de la bioproduction, nous sommes déjà passé à côté plusieurs fois en 20 ans. Cela veut dire structurer nos écosystèmes, chacun à sa place mais ensemble, … et que l’Etat soit dans la boucle. »

Olivier Boisteau souhaite s’investir sur le sujet, il s’engagera en tant que dirigeant de Clean Biologics et administrateur du pôle pour renforcer, en cohérence, les liens entre les collectivités, les académiques et le tissu économique avec les biotech, big pharma, CRO et sous-traitants pharmaceutiques, dans l’objectif de réussir à faire de la France et de l’Europe un fer de lance du développement des médicaments de demain, tous biologiques.

« Il s’agit juste de reproduire à l’échelle nationale ce qui se passe ici sur notre territoire ! Le gouvernement est venu voir ce qui marchait chez nous, ce n’est pas par hasard ! »

Il renouvelle donc sa candidature à un nouveau mandat d’administrateur d’Atlanpole Biotherapies pour porter cette parole avec le pôle mais aussi avec d’autres comme notamment France Alliance Bioproduction. Il militera également pour faire évoluer les critères d’évaluation des pôles pour les recentrer sur notamment les compétences, le nombre d’emplois, le développement de nouveaux produits ou services.

« Avec la crise sanitaire, certains membres du pôle ont été sous les feux des projecteurs avec le développement de vaccins ou traitements contre la Covid, il faut soutenir tous ces développements largement car même si on ne sait pas si ça va aboutir (ce qui n’est pas le cas pour les vaccins et traitements précédemment évoqués) cela fait avancer la science. Il faut du concret et des engagements de la puissance publique ».

Un autre de ses combats est de faire adhérer la population et la société civile, de faire davantage prendre conscience du rôle des biotechs : « on est là pour soigner, développer des médicaments biologiques les plus sécurisés possibles qui miment ce que l’organisme devrait faire tout seul pour se défendre » termine-t-il.